dimanche 1 mars 2009

Fluctuat nec mergitur mais c'était pas loin

Salut, populace.
Grâce, d'une part, à une constitution bien plus robuste que celle de la défunte IVè, et d'autre part, à un savant cocktail de produits pharmaceutiques dont seule une minorité sortait directement de la Zone 51, j'ai pu récupérer l'usage de mon épaule. Oh, bien sûr, je ne re-dépasse pas encore les 60 pompes sur un bras mais... oh après tout tu t'en fous, la dernière fois que t'as entendu parler de "pompes" c'était dans un épisode des Shadocs.

Et donc, maintenant qu'environ 97,3% de mes chers camarades sont partis à Toubacouta faire les zouaves dans la mangrove (et faire le zouave au Sénégal, c'est le comble), j'ai tout le temps nécessaire pour, erm... rien branler.

Non je déconne, je vais vous raconter les deux jours et demi de stage pré-humiliation épaulière. Comme je n'ai aucun amour-propre et que le ridicule ne tue pas, on va vite transformer ça en truc épique et c'est cette version qui restera gravée dans les culs. Les annales. Whatever.

Jour 1 :

6h45 : L'escadron est présenté aux instructeurs, qui sans surprise sont tous des cyborgs.
6h46 : ça y est, j'en ai déjà marre.
6h46 et 27 secondes : je pense au char Leclerc qui me manque déjà.
6H46 et 27 secondes 72 centièmes : et forcément j'ai une érection.
7h00 : départ de la marche-course de groupe. Pour les ignorants, il s'agit de courir 8km en treillis rangers sans vomir quand on passe juste en face du port de pêche.
7h48 : arrivée. Les copains ont du me porter, j'avais pas assez de sang disponible dans les jambes.
8h25 : fin des tests d'entrée, après quelques pompes/abdos/tractions/montée de corde avec laquelle j'eusse aimé pendre l'instructeur qui arbore une brosse d'environ 12cm sur le crâne. Il serait noir, ce serait lui, le Prince de Bel-Air. On perçoit baudrier, corde, mousquetons.
9h00 : ah ben non, pas fin des tests, j'avais oublié la piscine. Emploi de la vieille technique commando du "je saute dans l'eau ET j'enfile mon treillis" dont l'utilité m'échappe sur le coup, mais qui suis-je pour juger. Grâce à ma quille, mon aisance naturelle dans la flotte est comme dodécuplée (multipliée par 12, quoi...).
10h00 : Cours : "comment se rétablir sur une tyrolienne quand on a basculé comme la grosse merde que notre prof de maths en cinquième a toujours prévu qu'on deviendrait, CONNASSE".
Nous apprenons avec stupeur que la Tyrolie n'est pas une contrée mythologique grecque.
10h12 : mon érection retombe comme les soufflets que tu fais à ton mari (et après tu te demandes pourquoi il te bat).
10h30 : Cours : "j'apprends à faire des noeuds pour ne pas mourir sur la piste d'audace". Cabestan, demi-cabestan, 43% de cabestan, noeud de huit, de neuf, de Pi (à pas confondre
avec la queue du même nom), noeud français (le célèbre noeud Rhône), tout quoi tu veux.
12h00 : je me souviens que j'ai signé avec une fourchette. Le repas est un moment privilégié pour cultiver la cohésion du peloton. On partage nos impressions de la mâtinée, on suppute les choses à venir, on espère secrètement qu'une fièvre hémorragique lambda va emporter les instructeurs avant qu'on ait terminé nos plats, etc.

13h00 : et voilà, je le savais, jamais là quand on en a besoin, l'ébola.
13h01 : Cours : le zodiac. Je découvre avec un enthousiasme feint que le zodiac est manufacturé chez Ikea.
14h00 : Mais que diable allait-il faire dans cette galère ? Me demandé-je tout en empoignant une rame.
14h04 : CA ALORS ! Pagayer à 6 face au vent avec une houle d'1m est *difficile* ! Décidément, j'en aurai appris, aujourd'hui.
14h16 : MAIS PUTAIN DE TA MERE, A L'HEURE DU PORTE-AVION NUCLEAIRE, QU'EST-CE QUE JE FOUS AVEC UNE PLANCHE DANS LES DOIGTS !
14h17 : Les instructeurs hilares nous tournent autour avec leur bordel à moteur.
14h17 et 71 secondes : d'un tir précis j'abat leur chef d'une balle en plein front.
14h18 : je me réveille.
15h00 : enfin revenu sur la berge, je scrute longuement la mer, espèrant mais en vain que le courant de l'onde pure me ramène mes bras, j'en ai besoin pour la suite.
15h30 : Piste d'Audace. Non, là, vraiment, ça mérite son propre article, la piste d'audace, accompagnée des photos qui vont bien. Ce sera pour la prochaine fois.
18h00 : je me souviens que j'ai signé avec une fourchette. Le repas est un moment privilégié pour végéter la tête dans son assiette en se demandant pourquoi il y a autant d'heures dans une même journée et y'aurait pas moyen d'avoir une dérogation, des fois ?

19h30 : triple déconvenue. 1) C'est niet pour la dérogation. 2) l'ébola refuse toujours de coopérer. 3) on retourne pagayer. Et ce soir on se la joue, famas d'instruction (avec la culasse soudée. T'es bien avancé hein ?), radio, Jumelles à Vision Nocturne sur le front, ça va poutrer le poney.
19h31 : tout sourire, mon chef de peloton m'annonce que je suis son radio. C'est à moi que revient l'honneur insigne de porter cette sympathique pièce d'équipement qui a sans nul doute connu la mer Morte quand elle était malade. Taillée dans une enclume, touches en corne de brebis, ergonomie qui fit la fierté des ingénieurs du Crétacé, et bien sûr son inoubliable batterie de 112 kgs au charbon entièrement rechargeable à la main.
19h31 et 02 secondes : "non mon lieutenant, je pleure pas, je transpire des yeux".
20h00 : après une pseudo mise en ambiance tactique, on reprend la mer. Le vent n'a pas baissé mais la houle est réduite de moitié. Mes bras aussi.
20h20 : l'écouteur du poste refuse obstinément de rester à la bretelle et préfère traîner au fond du zodiac. M'en fous, de toute façon personne répond à mes contrôles radios.
21h03 : je décide de sauter à l'eau et de rejoindre Narbonne-Plage, Aude (11) à la nage.
21h04 : je retiens mon geste à la dernière seconde : et mon ordi ?
21h48 : fin de l'exercice. Au lit !
22h00 : raté, comme Wolfgang, c'est pas au lit. Cours : explosifs. Chaîne pyrotechnique simple et composée. La seule chose que j'apprend, c'est que l'instructeur fit partie
du 8ème RPIMA. Comme le sergent V. pendant mon CME. Comme mon entraîneur au foot quand j'étais en 3ème (le premier qui fait une réflexion, il passe pas la nuit). Je suis poursuivi par tous les fous furieux de ce régiment. Avec la fatigue, je me demande si ce n'est pas un signe, et puis je me souviens à quel point je trouve ça risible de sauter d'un avion en parfait état de marche.
00h22 : j'arrête la douche, je commence à voir passer des carpes entre les gouttes.
00h25 : comme souvent, la fatigue empêche de s'endormir de suite. Je compte mes bleus, et en moins de temps qu'il n'en faut pour dire "AU SECOURS RAMENEZ-MOI EN FRANCE", cette
salope de Morphée me fait du gringe.

La suite au prochain coup : D !

3 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

"14h17 et 71 secondes"

tu m'étonne que les journées te paraissent longues...

on attend la suite :p

2 mars 2009 à 17:52  
Blogger Alex a dit...

C'est pas des pseudos !

2 mars 2009 à 19:14  
Anonymous Anonyme a dit...

Club Méd le Sénégal ????? hmmmmm....

3 mars 2009 à 18:05  

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